Les codes-barres de nouvelle génération font progressivement leur apparition sur le marché. Prenant désormais l’apparence de QR codes, ces codes-barres nouvelle génération ouvrent la voie à de nombreuses innovations, dont certaines sont encore insoupçonnées à ce jour.
À force, on ne les remarque même plus. Depuis des décennies, ils figurent sur pratiquement tous les produits de notre quotidien et sont devenus indispensables pour commercer, que ce soit au plus petit niveau local ou sur les plus grandes marketplaces mondiales. Et encore, il ne s’agit là que de la partie visible de l’iceberg puisqu’ils sont également omniprésents en back office dans la plupart des secteurs et industries. Ils, ce sont bien sûr les codes-barres. Véritable révolution à leur lancement, a fortiori pour le retail (voir encadré), ils sont désormais à ce point répandus qu’ils en sont devenus banals. Pourtant, cette technologie est sur le point de connaitre une nouvelle (r)évolution majeure. “Aujourd’hui, les consommateurs et les législateurs attendent de plus en plus d’informations, comme les instructions d’utilisation, les ingrédients, les certifications, les consignes de recyclage, la traçabilité, etc. La nouvelle génération de codes à barres peut répondre à ces besoins”, explique sur son site GS1, l’organisation “neutre et à but non lucratif” mise sur pied par et pour l’industrie (supermarchés, drogueries, construction, secteur médical, fournisseurs FMCG, prestataires logistiques…) afin de mettre en place des standards et gérer l’identification des produits, ainsi que la capture et le partage des données dans l’optique d’avoir une chaîne d’approvisionnement plus efficace, et ce, à l’échelle mondiale. “D’ici fin 2027, nous visons à ce que tous les détaillants soient capables de scanner la nouvelle génération de codes à barres aux caisses du monde entier.”
Deux codes-barres nouvelle génération
Ces codes-barres de nouvelle génération développés par GS1 sont en réalité de deux types. Le premier s’appelle ‘GS1 DataMatrix’. Contrairement au code-barres classique et ses lignes verticales, il est de forme carrée et est composé d’une multitude de plus petits carrés (sans pour autant être un QR code). Déjà en service dans le secteur médical, il est également progressivement déployé dans le retail, notamment sur les produits ultra-frais comme la viande ou le fromage. “Ce petit bloc peut en fait contenir bien plus d’informations que la génération précédente de codes à barres, comme la date de péremption du produit, son numéro de lot, une sérialisation, etc.”, explique Jan Somers, CEO de GS1 Belgilux, qui précise que ce type de code-barres est déjà exigé par la loi pour le secteur médical dans à peu près 80 pays à travers le monde.
Le second code-barres next gen porte quant à lui le nom ‘QR Code powered by GS1’. Il s’agit donc dans ce cas-ci bel et bien d’un QR code, avec tous les avantages que cette technologie comporte. “La grande différence avec le DataMatrix, c’est que ce QR code peut être lu avec un simple smartphone”, poursuit Jan Somers. “C’est la raison pour laquelle pas mal de marques et de distributeurs s’orientent vers cette technologie car elle permet d’avoir un lien direct avec le consommateur, qui peut scanner le QR code et avoir directement accès à toute une série d’informations dont il a besoin.” Encore peu répandu aujourd’hui, il est pourtant appelé à connaitre un envol progressif au cours des prochaines années.

À l’image de ce qu’il se passe dans le secteur médical avec le code-barres DataMatrix, un facteur qui sera déterminant pour le rythme auquel ces nouveaux codes-barres se déploieront est d’ordre législatif. “En ce qui concerne les vins et spiritueux, une première législation de l’Union européenne oblige déjà les fabricants à indiquer les ingrédients sur l’étiquette ou via un QR code”, illustre ainsi le CEO de GS1 Belgilux. “Une autre législation clé est celle encadrant le Digital Product Passport, qui lui-même s’intègre dans le Green Deal européen. Grâce au QR code, consommateurs et autorités peuvent en effet avoir facilement accès à toutes les informations du produit, en ce compris le Digital Product Passport, qui sera rendu obligatoire dans les prochaines années, à des échéances variables selon les secteurs. À terme, cette obligation concernera l’ensemble des produits : textiles, batteries, détergents, vélos… À l’exception notable toutefois de l’alimentaire.”
Une solution ‘deux en un’, et plus encore
Cette absence de contrainte légale ne devrait pas pour autant entraver outre mesure le déploiement des codes-barres de nouvelle génération dans le secteur alimentaire, tant les avantages potentiels sont nombreux pour les différents protagonistes, poursuit Jan Somers. “Déjà, fabricants et distributeurs étaient demandeurs. Ils étaient demandeurs et ils ont poussé pour avoir cette solution deux en un, qui d’une part revêt un intérêt logistique, que ce soit en termes de gestion des stocks, de fulfillment ou encore de passage en caisse, puisque notre QR code bipe à la caisse grâce au GTIN ou EAN qu’il contient, et d’autre part leur permette d’établir un lien direct avec le consommateur très facilement, juste avec un smartphone. On peut faire beaucoup de choses avec notre QR code : renvoyer vers des liens internet bien sûr, mais aussi des pages dédiées aux allergènes, au marketing, à la gestion des emballages et leur recyclage… On peut également imaginer un distributeur qui mettrait les dates de péremption des produits dans le QR code ce qui permettrait, le cas échéant, de signaler un éventuel dépassement de date au moment du passage en caisse.”
Parmi les autres avantages relevés par le CEO de GS1 Belgilux, on pointera encore le fait que les codes-barres nouvelle génération facilitent grandement ce qu’il nomme l’universal listing, c’est-à-dire la collecte de toutes les données marketing autour du produit (ventes, retours, etc.) “Et puis, il y a également l’aspect sécurité”, souligne Jan Somers. “D’une part, l’usage de certains produits peut se révéler dangereux, et un QR code peut donner facilement accès aux instructions d’utilisation. Et d’autre part, certains produits doivent être accompagnés de certifications, par exemple un jouet pour enfant. Ces certifications peuvent alors être rapidement disponibles pour vérification que ce soit par un consommateur, une autorité ou un distributeur.” Enfin, les nouveaux codes-barres peuvent aussi jouer un rôle dans la lutte contre la fraude et la contrefaçon, avance le dirigeant, notamment en ajoutant une couche de vérification supplémentaire au moment d’enregistrer un produit auprès d’un distributeur ou d’une marketplace. Par contre, la technologie ne permet pour le moment pas de différencier un produit contrefait de sa version sortie d’une usine officielle, reconnait Jan Somers. “Toutes les associations, l’ensemble de la distribution, et même de l’économie, sont en train d’étudier comment, via le code-barres, il peut être possible de renforcer la lutte contre la concurrence déloyale, mais aussi la contrefaçon”, assure-t-il.

Une transition qui prendra “des années”
Reste que la transition ne se fera pas sans qu’un certain nombre de challenges ne soient d’abord surmontés par les fournisseurs FMCG et les retailers. Et ceux-ci sont principalement liés à trois domaines : le hardware, le software, et par extension le processus logistique. “Pour un retailer, le premier défi est d’adapter la hardware. Tous les scanners de la chaîne, des entrepôts jusqu’aux caisses, doivent bien sûr pouvoir être capables de lire ces nouveaux codes-barres, qu’il s’agisse du QR code GS1 ou du DataMatrix. Pour toutes les nouvelles générations de scanners, cela ne pose évidemment pas de problème. Ce sont surtout les plus anciens, notamment dans les centres de distribution et autres, où c’est plus délicat. Ils sont certes plus anciens, mais ils fonctionnent toujours. Et vu la situation actuelle du retail, on voit mal les distributeurs se mettre à remplacer du jour au lendemain un matériel en état de marche. À ce niveau-là, le changement prendra donc sans doute des années. Pour le hardware plus récent, je pense par exemple aux caisses modernes, qui s’apparentent aujourd’hui à de véritables ordinateurs, une simple mise à jour des softwares suffira. En outre, le switch impliquera également de devoir adapter certains processus internes, remplacer des imprimantes, etc.”
Par conséquent, il ne faut pas s’attendre à voir les bons vieux codes-barres disparaitre dans l’immédiat. Certes, le changement est en marche, mais il sera vraisemblablement progressif. D’ailleurs, GS1 ne fixe aucune date de fin à l’ancien système, qui continuera à fonctionner pour une période ‘indéterminée’, dixit Jan Somers, et la transition vers la nouvelle génération de codes à barres n’est aucunement obligatoire. Enfin, une période de transition temporaire est également prévue pour aider les marques et les retailers qui souhaitent passer à la nouvelle génération. Pendant cette période, les deux générations de codes-barres pourront figurer sur un même produit. Mais au-delà de 2027, il ne pourra plus y avoir qu’un seul code sur l’étiquette.
Petit retour sur l'histoire du code-barres
En 2023, le bon vieux code-barres a soufflé ses 50 bougies. Retour sur les différentes étapes clés qui ont jalonné le parcours de cette technologie qui permet chaque jour aux clients des commerces d’épargner un temps précieux, et aux distributeurs d’épargner beaucoup d’argent.
“Tout a commencé aux USA”, raconte Jan Somers, CEO de GS1 Belgilux. “Il était devenu presque impossible pour les gigantesques supermarchés américains de continuer à devoir placer un prix sur chacun des innombrables produits en rayon. Ils se sont donc mis en quête d’une solution, et c’est IBM qui la leur a apporté en recourant à une technologie datant des années 1940 : le fameux code-barres. Les distributeurs pouvaient ainsi le scanner à la caisse, lier à un prix, procéder au paiement et préparer un ticket pour le consommateur. Il faut bien se rendre compte qu’à l’époque, un tel système constituait une vraie innovation, une véritable révolution dans le secteur. Et cela, Albert Heijn l’a bien compris, le groupe néerlandais étant à ce moment-là déjà actif outre-Atlantique. C’est pourquoi il a introduit la technologie en Europe et qu’il a créé le ‘European Article Number’, le bien connu EAN.”

Source : GONDOLA