#2L’alimentation occupe une place centrale dans notre vie. Au-delà du besoin primaire de se nourrir, elle est de plus en plus au cœur de nos pratiques sociales et culturelles. Mais quelles sont les tendances alimentaires observées à travers le monde ? Dans cette série d'articles tirée du Vision 2025, nous allons à la découverte de ce que nos assiettes ont à nous dire, avec les commentaires de Xavier Terlet, expert en innovation alimentaire, senior advisor et co-créateur de ProtéinesXTC.
Pas de plaisir sans garanties ! Un produit peut être le meilleur du monde, mais si l’on a des doutes sur son innocuité ou si l’on n’arrive pas à ouvrir la boîte, on n’aura pas de plaisir à le consommer. “Si j’apprends que le délicieux café des hauts plateaux que j’ai bu ce matin repose sur l’exploitation des petits producteurs et le travail des enfants, il devient amer.” Une autre garantie très importante pour le consommateur est la naturalité. “L’expérience doit être apportée naturellement.” Ici, on parle de divers processus naturels tels que l’infusion, la fermentation, la maturation…
Le plaisir est aussi basé sur la différence. On recherche des goûts différents qui soient puissants et forts. “Les goûts forts peuvent aussi être apportés par des ingrédients naturels. Aujourd’hui, on voit beaucoup de gingembre, de truffes, de safran ou de piment dans nos produits. Le piment est devenu un élément avec lequel on joue beaucoup, notamment sur l’échelle de Scoville. On est vraiment dans la sensation très forte et on aime ou on n’aime pas.” On n’est pas dans le consensus mais dans la segmentation, précise-t-il.
Le consommateur est aussi soucieux de l’écologie. “Plus il y est sensibilisé, plus il aura de freins.” Le réchauffement climatique et les récentes inondations partout dans le monde poussent le consommateur à prendre conscience que ce n’est pas seulement à lui de faire attention. Sur les dix dernières années, une révolution a atteint l’alimentaire. Avant, l’information était toujours donnée par les industriels ou les distributeurs alors que maintenant, l’information est aussi apportée par des tiers de confiance qui, grâce aux progrès technologiques, ont des moyens tout aussi efficaces pour tout savoir sur le produit et la chaîne d’approvisionnement. “Demain, on verra beaucoup d’industriels travailler sur leur empreinte carbone et sur leur bilan carbone parce que le consommateur est témoin des problématiques de réchauffement climatique dont il responsabilise les industriels.” Ces notions de naturalité ou d’écologie sont présentes mais n’interviennent qu’en garantie du produit et non pas comme premier selling point du produit.
Un souci pour la santé
La santé est aussi une garantie que recherche le consommateur. 74 % des personnes pensent que leur alimentation peut présenter un risque pour leur santé. D’abord, la santé sécuritaire : ce qu’on mange ne doit pas représenter de risque. Ensuite, la santé fonctionnelle, les effets positifs que le produit peut apporter. Ici, la tendance émergente est une adaptation des promesses à l’individu. “J’appelle ça de l’inclusion alimentaire”, répond Xavier Terlet. “On s’adresse à des cibles particulières, les femmes ou les hommes par exemple, ou encore les personnes du quatrième âge qui ont des problèmes de mémoire, voire même des soucis spécifiques tels que les règles douloureuses. On n’avait jamais vu ça auparavant.”
Certaines entreprises, surtout les start-ups, poussent le bouchon encore plus loin jusqu’à développer des produits adaptés à des profils génétiques basés sur les études d’ADN. “C’est le futur. L’aspect santé de l’alimentation va être de plus en plus individualisé.” Par ailleurs, l’industrie agroalimentaire va de plus en plus vers les compléments alimentaires et les laboratoires vont de plus en plus vers l’aliment. “Il y a un mélange des genres et même un mélange des formes galéniques, si j’ose dire. Vous avez des compléments alimentaires en forme de bonbons, des gummies par exemple. C’est intéressant de voir que l’industrie alimentaire de demain sera peut-être aussi réalisée par des opérateurs en laboratoire d’aujourd’hui. Et certains font déjà les deux maintenant, comme Nestlé ou Danone.”
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