#5L’alimentation occupe une place centrale dans notre vie. Au-delà du besoin primaire de se nourrir, elle est de plus en plus au cœur de nos pratiques sociales et culturelles. Mais quelles sont les tendances alimentaires observées à travers le monde ? Dans cette série d'articles tirée du Vision 2025, nous allons à la découverte de ce que nos assiettes ont à nous dire, avec les commentaires de Xavier Terlet, expert en innovation alimentaire, senior advisor et co-créateur de ProtéinesXTC.
Santé individuelle et santé du monde vivant sont indissociables. Il ne suffit pas que l’alimentation soit bonne pour soi, il faut aussi qu’elle le soit pour tout l’environnement. Informés et sensibilisés, les consommateurs attentifs à leur alimentation sont de plus en plus nombreux. Le taux des flexitariens est en croissance positive. Fait marquant cette année, ils sont 40 % à déclarer avoir adopté un changement radical pour une raison environnementale ou éthique. “Les flexitariens végétalisent naturellement leur alimentation sans renoncer forcément à la viande, au poisson ou aux produits laitiers.” C’est un fait marquant parce qu’ils se basent sur le plaisir et non sur leurs convictions écologiques. Et Xavier Terlet d’ajouter : “Ce n’est peut-être pas politiquement correct de le dire, mais je le dis et je l’affirme, le consommateur raisonne comme suit : mon plaisir, ma santé puis ma planète, et dans cet ordre-là. Ça ne fait pas plaisir à tout le monde, mais c’est vrai puisque toutes les études le montrent. Le consommateur est autocentré, et si ça ne veut pas dire qu’il néglige les autres, ses priorités apparaissent bien dans cet ordre-là.”
Inspiré par une approche moins radicale, moins militante et plus axée sur le plaisir, le consommateur flexitarien est guidé par le goût et la praticité. “Les flexitariens sont des gens qui cuisinent eux-mêmes et plus que la moyenne. Ils aiment cuisiner de manière rapide et pratique.” Un flexitarien ne cherche pas à substituer la viande ou les produits laitiers. Il cherche avant tout à se faire plaisir, tout en végétalisant son alimentation. “Les industriels et les start-ups qui se lancent dans les ‘faux produits’ font fausse route. Aujourd’hui, on constate que le marché est chez les flexitariens. Ils ne veulent pas du faux et ils veulent que ce soit bon.” Le faux steak comme un ersatz ne marche pas, mais les faux émincées de poulet ou les faux lardons oui, puisque ça végétalise le plat sans prétendre à se substituer complètement à lui, le tout dans un format pratique et rapide à utiliser.
Pourquoi le bio ne fédère plus ?
Ils sont 66 % de consommateurs à s’intéresser au bio, mais le bio reste freiné par le prix, qui est trop cher pour 67 % des personnes interrogées par l’étude Sial Insights. Le marché du bio s’écroule et ce n’est pas par manque d’intérêt pour le consommateur. “Au contraire, le consommateur adore le bio. Le bio est un label européen et sécurisant qui garantit qu’il n’y a pas de pesticides et que c’est naturel”, affirme Xavier Terlet. Le déclin du bio a commencé il y a deux ans, suite à une belle progression à deux chiffres. Pourquoi ? “C’est uniquement une affaire de prix. Les gens n’ont plus les moyens à cause de l’inflation, même ceux qui sont aisés. On nous dit que le bio est 20 % ou 30 % plus cher, ce qui serait acceptable, mais ce n’est pas vrai. La moyenne est de 90 % plus cher. Le consommateur ne regarde même plus ce rayon.”
Le marché s’est effondré puisqu’on a été vers une survalorisation de l’alimentation en augmentant les prix. “Aujourd’hui, on est en train de créer une alimentation à deux vitesses. Une alimentation qualitative, pour ceux qui ont les moyens, et une alimentation de premier prix pour ceux qui n’ont pas les moyens. Il faut essayer de produire sans avoir des marges considérables. L’enjeu des industriels est là : apporter du bon pour moi, pour ma santé et pour ma planète, mais à prix accessible.”
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