Ces dernières années, à la demande de Buurtsuper.be, le gouvernement a annoncé une série d'initiatives visant à lutter contre le vol à l'étalage. Malheureusement, la politique de poursuite pénale dans notre pays est quasiment inexistante et le vol à l'étalage est encore considéré comme un « délit mineur (donc négligeable) ». Toutefois, l’impact sur les entrepreneurs est important. Nous faisons le point après sept années de politique gouvernementale en matière de vol à l’étalage.
Nos enquêtes auprès de nos membres montrent que jusqu'à 1 % du chiffre d'affaires des supermarchés indépendants est perdu à cause du vol à l'étalage. Compte tenu des marges limitées dans le secteur des supermarchés, la perte peut s'élever à la moitié du bénéfice net des commerçants.
Il n'est pas facile pour les commerçants d'attraper les voleurs. Ce n'est que si le voleur à l'étalage a passé la caisse sans payer qu'il peut être confronté au directeur ou au personnel. De plus, les commerçants qui n’emploient pas d’entreprises de sécurité certifiées (et coûteuses) sont très limités dans leur défense contre le vol. Cela rend la capture presque impossible. Depuis plus de sept ans, les gouvernements et ministres successifs ont annoncé vouloir mettre un terme aux vols à l'étalage. Jusqu'à présent, sans aucun résultat.
Le prochain gouvernement fédéral doit enfin joindre le geste à la parole.
Le vol à l'étalage continue d'augmenter
Selon la police fédérale, 19.411 vols à l'étalage ont été signalés en 2021, 23.267 en 2022 et 24.021 en 2023 (remarque intéressante : il existe actuellement 23.252 commerçants indépendants en Belgique). Il s'agit d'une augmentation de 20 %, soit un cinquième en deux ans. Sachant que seulement 11% des vols sont effectivement signalés par les commerçants, on peut dire que le nombre réel est un multiple du nombre de signalements. L'impact sur la rentabilité des commerçants est énorme. Neuf commerçants sur dix déclarent être confrontés à des vols chaque semaine. Le découragement dans le secteur est particulièrement grand.
Le nouveau gouvernement doit s'attaquer en priorité au vol à l'étalage
APLSIA & Buurtsuper.be appellent le nouveau gouvernement fédéral à donner la priorité à cette forme de criminalité. Le vol à l'étalage n'est pas un délit mineur car son impact sur les commerçants concernés est énorme.
Quelles initiatives le gouvernement fédéral a-t-il prises ?
14 mai 2017 : Le Conseil des Ministres approuve la proposition d'APLSIA & Buurtsuper.be sur le vol à l'étalage. Par analogie avec les Pays-Bas, un « règlement avec des voleurs à l'étalage » est introduit, un règlement à l'amiable dans lequel le voleur à l'étalage arrêté s'engage à rembourser le détaillant sans intervention de la police.
28 mai 2018 : Le commissaire général de la police fédérale formule un avis négatif au ministre fédéral de l'Intérieur et de la Sécurité de l'époque, Jan Jambon, concernant le « règlement avec des voleurs à l'étalage ».
Février 2020 : A la demande de Buurtsuper.be, la NVA pose une question parlementaire au ministre compétent Pieter De Crem. Selon lui, le Collège des procureurs généraux avait des réserves juridiques concernant le projet de protocole d'accord sur le « Règlement avec les voleurs à l'étalage ».
Janvier 2021 : Le (nouveau) gouvernement prend à cœur le problème du vol à l'étalage, mais préfère la loi sur les excès de vitesse (donc toujours via les procureurs). Le nouveau ministre de la Justice Vincent Van Quickenborne lance la politique dite du « coup pour coup ».
7 février 2022 : Un an plus tard, seules 312 amendes du tac au tac ont été infligées.
Avril 2024 : APLSIA & Buurtsuper.be créent des affiches avec lesquelles les membres peuvent annoncer la politique du « du tac au tac » dans leur magasin ainsi que l'amende que risquent les voleurs à l'étalage (350 €). Cependant, la politique du tac au tac est peu connue des services de police ou n'est tout simplement pas appliquée.
Juin 2024 : APLSIA & Buurtsuper.be organisent une enquête auprès de leurs membres. Cela montre que 95 % n’ont aucune expérience du système du tac au tac. 87% ont déjà appliqué un programme (d'indemnisation) auprès des voleurs à l'étalage eux-mêmes, sans l'intervention de la police.
Juin 2024 : Le SPF Intérieur envoie une circulaire précisant que les commerçants ne peuvent pas demander à leurs clients d'ouvrir volontairement leurs sacs de courses à la caisse sous peine de lourdes amendes. Il ne faut pas non plus accrocher un panneau d'information avec la même question, comme c'est le cas dans nos pays voisins.
Source : Buurtsuper.be